Rêve 1




Rêve 1 :

Mon esprit instable a décidé depuis quelques années d'élire les Quais de Saône comme lieu récurrent de mes cauchemars.
Endroit où je ne traîne pourtant presque jamais, et pourtant dieu sait comme je traîne dans la ville, de véritables errances, je suis une limace, je parcours des circuits aléatoires au gré de mes obsessions et du hasard des rues. Le but défini n'est que prétexte à la déambulation.
Bref, je n'étais pas loin des quais et exceptionnellement chaussée de rollers. Comme dans la plupart de mes cauchemars depuis quelques mois, lorsque je ne rêve pas d'école, de foule et de couloirs, je pratique une expérience physique étrange par laquelle mes jambes (essentiellement la partie inférieure mollets-tibia-chevilles-pieds) ne supportent pas le poids de mon corps. 
Elles deviennent molles, je cherche l'équilibre, je chute sans cesse. En appui sur mes bras, au prix d'une force importante, je me relève grâce à mon thorax, m'appuie sur les murs, parviens à avancer quelques instants et puis voilà que ça recommence.
Cette nuit là, j'étais emportée par la vitesse des roulettes et c'était donc pire que les fois précédentes. 
Je finis par décider d'enlever la paire de rollers, me laisse tomber péniblement sur le trottoir à l'angle d'une rue. Affairée à dénouer mes lacets, je relève la tête et aperçois un individu tentant de s'accaparer la kalachnikov d'un militaire en ronde – car c'est toujours la guerre dans mes rêves des Quais de Saône. Nos regards se croisent, je comprends que je suis témoin du vol et qu'en conséquence je deviens dorénavant une personne à abattre en priorité. Je rampe donc en chaussettes sous les tirs vifs et sonores, derrière une voiture (un 4X4 de ville gris métallisé), les jambes toujours cotonneuses, m'étonnant de ne pas être encore touchée, me disant que le terroriste n'est pas si bon tireur, que c'est plutôt encourageant pour ma situation mais que si course poursuite s'engage, je risque tout de même fort d'y passer.



Commentaires

Articles les plus consultés