Shara, Naomi Kawase, 2004 (danse de la fête de Basara).






Au départ, l'inintelligible : un frère, un fils, a disparu. Envolé en quelques plans oniriques à travers la forêt. 
De cet événement, rien n'en sera véritablement dit, si ce n'est l'évocation de la découverte du corps au cours d'une conversation téléphonique dont le contenu ne nous est pas véritablement dévoilé.

Parce qu'il n'y a rien à dire en vérité, ni sur le deuil, ni sur la finitude, un certain type de cinéma comprend combien les mots sont encombrés des parades du social et de tout ce qui s'y joue. Et que les choses les plus essentielles se déroulent ainsi, dans le flux du temps et de l'espace. Que la conversation devient vaine parce qu'il y a en vérité trop à comprendre sur ce qui sépare les êtres, sur l'impossible rencontre. Histoire de mondes trop opaques, de classes, de craintes, de règles tacites. 

Dans Shara, à la suite de ce prélude qui déclenche le déséquilibre, nous sommes projetés cinq années plus tard dans la famille concernée par la disparition. La mort règne et chacun des membres tente de mettre en germe pour que la vie reprenne : le travail du jardin, la préparation d'une fête, le sentiment amoureux naissant, la maternité. Tout concourt à ré-insuffler du vital en un temps sclérosé et mortifère pour ainsi effectuer la bascule et achever le processus de deuil.
Uniquement par l'image, sans jamais user des possibilités du discours. 
On peut pleurer les morts, attendre patiemment que l'étau qui empoigne le cœur se desserre. On peut faire des cérémonies et partager sa peine. Mais ça ne dira rien de plus. 
Et aucun mot ne pourra rivaliser face à ces portions de réel.






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