Again, again, again, again


MERCREDI09OCTOBRE

Qu'ils sont singuliers ces petits soirs mourants, ces journées qui semblent comme s'épuiser.
Enfant je m'imaginais la ville comme ce soir là,
Un quarantenaire, seul dans son appartement vitré va chercher un jambon-beurre à la supérette en bas. Il traverse le grand axe sous une pluie fine qu'éclairent les feux bleutés des autos prises dans les embouteillages. Comme il ne trouvera rien à son goût dans les rayons blafards, il achètera tout de même une barre chocolatée au vendeur à l'accent turc et rentrera prestement jusqu'aux grands ensembles modernes, habitué au bruit ronronnant et discontinu des moteurs.
Il prendra l'ascenseur, spacieux, si propre qu'on pourrait y manger par terre, puis sondera ses placards et choisira un bol de nouilles instantanées saveur crevette. Sur le paquet qu'il lira sans comprendre, perdu parmi les pictogrammes, il repérera seulement les trois petits piments colorés.
[Cet homme habite un appartement dans lequel il reste peu, travaille beaucoup, quitte le bureau à 21 heures, lorsque l'agent d'entretien passe avec son chariot et qu'ils se saluent poliment.
On ne saura pas ce qu'il fait le week-end car je ne lui ai jamais imaginé la possibilité d'en avoir. On ne lui connaît personne. Sa seule activité post-bureau se résume au visionnage, par le biais d'un écran plat de dimensions importantes trônant au milieu du salon-salle-à-manger, d'un programme qui nous échappe à vous et à moi. 
Il enfile ensuite un pyjama très triste et dort jusqu'à ce que la radio de son réveil électronique - sur lequel s'affiche l'heure en larges chiffres lumineux - l'informe par la plus grande des cruautés que sa nuit est terminée].

   IMAGE : Mobile home Blob vb3

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