Madoka

  image : ren hang



[Certains hivers, je suis d'humeur sentimentale. Comme d'habitude, j'ai explosé mes phrases à la hache. J'ai tout sectionné, tailladé, découpé, à cause de la honte de s'émouvoir. Je ne sais pas dire quand j'aime.]


Je lève le regard vers la voûte de verre
il s'est percé un espace au dehors

ta voix seule berce
en murmure égal.


En ces temps l'espace se distend et s'étire
les épidermes glissent et caressent
peut être que j'imagine
mais ces gestes lents couplés à la couleur de ta peau sous ces lumières
rongent peu à peu ma raison
et troublent le monde physique.
Je délire
mais
je me
demande bien
de quelle matière es-tu faite ?
Contiens-tu du radium ?

[Rêves de déambulations en obscurité imparfaite]


[Non, bien sûr, ça ne se dit jamais, ça se montre à peine, ce ne sont que des mailles qui s’emmêlent, se joignent, se tissent, sans même l'image du canevas final, et peut être même que l'ouvrage périra, avorton à la merci d'une mémoire qui n'aura vite plus rien de commune.]


Les bustes à demi courbés, nous nous penchions, et mon corps se rapprochait du tien malgré lui. Tu portais plusieurs épaisseurs de tissu, mes vêtements étaient sales. Nous étions proches, dans un même rythme et une même portion. Nous parlions calmement comme dans les discussions la nuit, je chuchotais quelques phrases comme pour moi-même mais elles étaient pour toi.

Je veux ton corps étendu sur les lattes (du parquet)
je veux retirer tes chaussures
et
chaque parcelle goûter
chaque surface délimitée par une ombre, par un angle, tout connaître
comprendre quels gestes te font perdre
cette assurance qui semble ne jamais être ébranlée
et la raison entière.

J'aimerais nous trouver à égalité
enfin avoir l'autorisation
Ah, mais voilà déjà la fatigue.

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